Une pour 100 000






Pour poursuivre les présentations de notre famille extraordinaire, voici celle de Mademoiselle T.



Melle T est une petite fille espiègle, pétillante et pleine de vie de 5 ans et demi.
A l’âge de 16 mois, il lui a été détecté une légère inégalité de longueur entre les deux jambes.
Après des examens, et une petite errance au cabinet de radiologie, la maladie d’Ollier ou enchondromatose multiple lui a été diagnostiqué. Mais qu’est ce que c’est que ça ??

La maladie d’Ollier a été découverte à la fin du XIXeme siècle par le chirurgien Louis Ollier.
L’enchondromatose se caractérise par la présence d’enchondromes, qui sont des tumeurs intraosseuses cartilagineuses fréquentes, généralement bénignes, qui se développent à proximité du cartilage de croissance. Les manifestations débutent généralement dans la première décennie de la vie. Les lésions du cartilage peuvent être très variables (en terme de taille, de nombre, de localisation, d'évolution, d'âge au moment du diagnostic, et d'implications chirurgicales).
Les atteintes prédominent souvent d'un côté. Elles peuvent entraîner, à des degrés différents et selon chaque individu, des déformations, des déviations d'axe, des différences de longueur d'os.
 La prévalence de la maladie est estimée à 1/100 000 (ah oui je vous avais prévenu qu’on était extra-ordinaire !!).
Pour Melle T, cela se caractérise pour le moment par une inégalité de longueur des jambes, sa jambe gauche est plus petite de presque 11 cm par rapport à sa jambe droite.





Nous avons récemment consulté un chirurgien orthopédiste à l’hôpital Necker à Paris, qui connait bien la maladie. Il nous a dit qu’il était trop tôt pour intervenir. Mais que normalement et après plusieurs mois d’intervention vers l’âge de 10 ans (allongement des os, réduction des os de la jambe opposée…), Melle T récupérerait la quasi-totalité de cette différence… ; on a quand même du mal à le croire ! Faisons encore fois confiance à la médecine, qui progresse chaque jour dans ces domaines.

Après la chirurgie viscérale de Monsieur A et son atrésie de l'oesophage, nous allons devenir des pros du squelette et de la chirurgie orthopédique avec Melle T… ;-)

Ce qui gêne le plus Melle T, c’est de ne pas pouvoir courir aussi vite que ses copines de Grande Section de maternelle. Et de ne pas pouvoir changer de chaussure régulièrement. Mais ça n’empêche pas Mademoiselle T d’avoir des chaussures à paillettes, ni de faire de la boxe avec sa classe.

C’est bientôt le Carnaval de l’école et Melle T sera une jolie princesse, mais peu importe sa « petite jambe »,  les princesses, elles ont des robes longues, et on ne voit pas leurs jambes ! et Toc !

C’est bien vrai, il y a moults exemples dans l’histoire de France… .
Anne de Bretagne la célèbre (1477-1514) : avant son mariage avec Charles VIII, le roi de France au château de Langeais, on lui demande de se dénuder et de marcher pour vérifier sa boiterie. Elle chante, danse, joue de la musique, peint et brode. Ses contemporains la décrivent comme une enfant à l’esprit net, au sens droit, une princesse accomplie, à l’intelligence ouverte. Pendant que ses deux époux successifs guerroyaient en Italie, elle encourageait les lettres et les arts. Anne fut une admirable reine de France. 



Jeanne de France (1404 -1565), reine de France mariée à Louis d’Orléans (Louis XII), elle avait elle aussi, une inégalité de longueur des jambes. Surnommée « la boiteuse », elle a fait preuve d’un courage, d’un dévouement exemplaires tout au long de sa vie (elle n'a pas été gâtée..). Béatifiée puis récemment canonisée, elle est devenue Sainte Jeanne de France.




 Louise de la Vallière (1644-1710), tout de même devenue maîtresse du plus grand des Rois de France, Louis XIV.
D’après l’abbé de Choisy, « Louise avait la grâce plus encore que la beauté. » Selon un chroniqueur du XVIIe siècle : « Elle a la taille belle et noble et quelque chose dans sa manière de marcher ; elle a dans les yeux une certaine langueur qui est un charme inévitable pour tous ceux qui ont le cœur un peu tendre. Elle a les plus beaux cheveux du monde, et en quantité. Elle a l’esprit doux, le goût bon, aime les livres et en juge bien. Elle est civile, obligeante, libérale, et l’on voit de la magnificence dans tout ce qu’elle fait. Elle a de l’égalité dans l’humeur, et s’est toujours gouvernée d’une manière qui a donné de l’admiration et de l’amitié pour elle ».
Louise boitait à la suite d’une mauvaise chute de cheval.




J’ai une dernière reine à citer, mais cette fois, c’est une reine du 7ème art. C’est Audrey Tautou, dans le film « un long dimanche de fiançailles », du cinéaste Jean-Pierre Jeunet sorti en 2004. Le film est adapté du roman de Sébastien Japrisot. Elle incarne Mathilde, à la recherche de son fiancé, pendant la seconde guerre mondiale. N’est-elle pas sublime?



Le jeune Manech demande à la petite Mathilde « Pourquoi tu boîtes

Commentaires

  1. Très bel article sur mademoiselle T, et très instructif sur ces grandes dames aux gambettes imparfaites ;)

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